Des conducteurs de Taxi-moto en circulation

Conduite de taxi moto : métier au choix ou une alternative pour survivre aux contraintes sociaux

Des conducteurs de Taxi-moto en circulation
Des conducteurs de Taxi-moto en circulation

Lecture du SG du Syndicat national pour la promotion des conducteurs de zémidjans du Bénin

D'autres sur un parking occasionnel
D’autres sur un parking occasionnel

Dans les quatre coins de nos rues, ils sont toujours au service de leur clientèle. À la quête du pain quotidien, ils sont obligés d’enfiler le maillot jaune. La mission sera de faire déplacer un client d’un point A vers un point B. C’est ce de quoi est fait leurs journées. Et oui, les conducteurs de taxi moto  »zémidjans » puisque c’est d’eux qu’il s’agit, ne font que ça pour survivre. Même si aujourd’hui le secteur est totalement formalisé, c’est un métier qui du commun des béninois a été pendant longtemps vu comme un sous métier. À travers cette interview réalisée par votre quotidien Prime News Monde, Bonaventure AHITCHEME le Secrétaire Général du Syndicat national pour la promotion des zémidjans du Bénin ( Synaprozeb) nous fait sa lecture.

Journaliste : Bonjour monsieur Bonaventure, quel état des lieux peut-on faire aujourd’hui du métier de conducteur de taxi moto (zémidjan) à Cotonou ?

Bonaventure AHITCHEME : Comme vous le savez vous-même, lorsque quelqu’un perd son emploi aujourd’hui, que ce soit dans le privé ou dans le public, l’informel n’en parlons pas, c’est la seule corporation qui le prend. Donc, ça veut dire que l’effectif s’accroît de jour en jour.

Quels sont les plus grands défis auxquels les zémidjans font face dans l’exercice de leur métier, notamment en termes de sécurite ?

Le travail zémidjans est un métier à haut risque. D’abord, vous pouvez trouver un conducteur des zémidjans tout de suite. Vous apprenez qu’il a été tué par un véhicule, ou il a fait un accident, il est mort. Ou parfois, vous allez apprendre qu’on l’a conduit dans l’obscurité quelque part, on l’a sommé, il a été dépocédé de sa moto. Mais dites-vous que ça a fortement diminué depuis un certain temps, mais en ce moment de grande mobilité, les bandits aussi profitent, les hors-la-loi profitent également pour les assommer, pour les conduire dans des lieux reculés, pour les faire dépocéder de leur moto. Avant, c’était de les droguer peut-être par la nourriture ou par des boissons, mais nous avons vraiment si sensibilisé que c’est rare d’entendre aujourd’hui un adrogué un conducteur de Taxi moto, à moins que celui-là soit trop avare aussi. Il y a d’autres, par rapport à la sécurité, qui ne respectent pas bien aussi les règles du code de la route. Et comme ça, ils peuvent se faire tuer bêtement.

Face à cette difficulté, quel est le rôle du syndicat ? Comment le syndicat travaille-t-il pour améliorer les conditions de travail et le statut social des conducteurs de zémidjans ?

Le grand travail, c’est d’abord la sensibilisation. Il faut les sensibiliser par rapport aux règles du code de la route. Il faut les sensibiliser par rapport à ce métier qu’ils exercent. Il faut les sensibiliser également pour qu’ils comprennent qu’ils ne vont pas se donner seulement à ce métier, qu’ils peuvent avoir aussi d’autres activités, qu’ils peuvent mener pour pouvoir bien joindre les deux bouts. Parce que moi, quand je parle comme ça, je connais des gens qui ont fait le zem, qui sont devenus ministres, qui sont devenus directeurs de sociétés, qui ont créé des entreprises eux-mêmes et qui sont devenus de grandes personnes aujourd’hui. Donc, c’est de savoir s’y prendre. Et c’est pourquoi j’ai l’habitude de dire, l’argent du zem, il ne faut pas s’amuser avec. Et pour réussir, il faut économiser, et il faut savoir quel groupe de tontines faire.  »Alors, si c’est par semaine que vous payez par exemple 2.000, si vous êtes 40 ou 50, vous faites et puis quelqu’un ramasse en même temps. Il n’est pas question de dire, on va faire la tontine et puis on cotise l’argent auprès de quelqu’un jusqu’à ça va faire un mois. » Donc, par expérience, nous les demandons,  »si vous voulez réussir, organisez des groupes de tontines ». Mais quel genre de groupe de tontines ? Il y a des tontines qu’on peut faire, peut-être que c’est hebdomadaire, peut-être que c’est mensuel. C’est les conseils que nous leur donnons pour éviter que les gens bouffent leur sous.

Entant de que syndicat des conducteurs de taxi moto et au vu de votre collaboration avec les travailleurs de ce secteur, le métier de zémidjans nourrit il vraiment son homme ?

Est ce un métier qui peut nourrir son homme ?
Bon, en toute chose, lorsque vous exercez un métier et que vous-même, vous n’êtes pas conscient de vous-même pour vous dire, ça là, c’est ça que je vais faire, c’est par là que je vais gagner ma vie. Si vous ne prenez pas les choses au sérieux, vous allez conduire la moto durant toute votre vie et vous n’allez rien réaliser. Moi, je connais des conducteurs aujourd’hui, ils n’ont plus rien d’autre à faire que ce métier. Mais quand vous allez chez eux, si les gens vous disent que c’est la propriété d’un conducteur de zémidjans, vous n’allez pas croire. Ça veut dire que celui-là se bat. J’avais un frère qui fait le zémidjans, mais il sort le matin, déjà à 6 heures, il est en ville. Après 17 h 30, si vous le voyez, si on vous dit qu’il est un conducteur de zémidjans, vous allez refuser. Et c’est ça qu’il faisait. Après ça, il a commencé à organiser des tontines après, il a laissé, comme lui-même, il était mécanicien, il a acheté un véhicule, il a commencé à faire le truc funèbre, il transporte les morts. Et il arrive à s’en sortir parfaitement. Il faut dire que c’est un problème d’organisation. Même si vous vendez de l’eau au marché et que vous vous organisez bien, vous ne pouvez pas réussir là. La belle preuve, je connais des bonnes dames au marché Dantokpa, à Gbégamey, qui ne vendent que des épices. Mais aujourd’hui qui ont acheté des parcelles et qui ont construit. Donc il n’y a pas de sous-métier. Si vous faites quelque chose, prenez ça sérieux, ne s’amusez pas avec vos sous et vous allez réussir.

Alors, il n’y a pas de sous métier monsieur Bonaventure AHITCHEMIN nous allons conclure cet entretien avec une dernière question. Dites nous, avec l’évolution des moyens de transport au Bénin, notamment l’émergence des taxis modernes et plateformes numériques, pensez vous vraiment que le métier de zémidjan a-t-il toujours un avenir prometteur ?

Bon, c’est vrai qu’il y a une concurrence qui s’observe. Et les zémidjans ont de la difficulté aujourd’hui à joindre les deux bouts. Parce que plus ces véhicules affluent les villes, et plus eux-mêmes ne vont plus trouver de clients comme avant. Mais laissez-moi vous dire que les zémidjans sont incontournables aujourd’hui. Et les bonnes dames du marché sont habituées. Et quel que soit même le prix ou la qualité de ce véhicule, elles préfèrent prendre les zémidjans. Donc si moi j’ai un conseil à donner aux zémidjans, c’est de maîtriser les règles du code de la route. C’est de bien conduire. C’est d’avoir un bon comportement. C’est de respecter les règles d’hygiène. Laver leurs motos, laver leurs habits, être propre. C’est certain qu’ils vont trouver ce qui les appartient.

Propos recueillis: Judicaël DAVO // Prime News Monde

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